Un titre, une finaliste et deux demi-finalistes… L’équipe de France de tennis de table handisport a terminé ce Mondial slovène par le nouveau sacre de Fabien Lamirault, intouchable ce samedi. Paroles de médaillés.
L’équipe de France a donc bouclé les championnats du monde avec quatre médailles. Deux de moins qu’il y a quatre ans mais le bilan reste néanmoins intéressant à plus d’un titre… « J’ai vu une équipe de France qui se reconstruit, positive le directeur sportif de la discipline, Stéphane Lelong. Il reste du travail pour continuer d’avancer dans ce sens-là. Le meilleur reste à venir ensemble. Je félicite aussi les quatre médaillés qui ont tous su rebondir après les championnats d’Europe. » En effet, Fabien Lamirault, Thu Kamkasomphou, Anne Barneoud et Stéphane Molliens avaient tous les quatre raté la boîte il y a un an. Leur réaction doit être source d’inspiration pour des garçons comme Maxime Thomas, candidat au titre et battu en quart à Celje.
« C’est sans doute un mal pour un bien », relativise Stéphane Lelong. La manière et les sportifs qui ont décroché des médailles lors de ce Mondial incitent à l’optimisme.
Fabien Lamirault, champion du monde en classe 2 masculine. Après le sacre mondial en 2014, le titre paralympique en 2016, Fabien Lamirault signe la passe de trois en devenant champion du monde 2018. Le Français, seul Tricolore à décrocher l’or en Slovénie, a d’abord su écarter Suchanek en cinq manches. En finale, contre son meilleur ennemi, le Polonais Czuper, n° 2 mondial, il a encore haussé son niveau de jeu pour s’imposer en trois manches sèches. « Je suis fier d’avoir offert une nouvelle Marseillaise au clan français. Il y a aussi beaucoup de plaisir. Il y a eu des moments difficiles après les Jeux de Rio mais je n’ai jamais douté. Je me savais capable d’évoluer à ce niveau. Je démontre que je suis toujours là sur les très grands événements. Je suis entré en douceur dans la compétition à travers deux matches de poule qui m’ont permis de bien m’acclimater à l’environnement, de bien cerner les difficultés d’acheminement entre la salle d’entraînement et celle des matches. Après, on entre dans une nouvelle phase, celle que je préfère, celle où j’aime aller au bout. En finale, il m’a fallu utiliser d’autres armes parce que Czuper a bien travaillé et m’a posé des problèmes même si le score ne le montre pas. Après les titres mondial et paralympique de 2014 et 2016, je remporte celui-ci. C’est ce qui m’importe le plus, de gagner de tels titres. Evidemment que j’aimerais marquer l’histoire. J’aime le sport, l’histoire du sport et les stats. Je veux laisser mon empreinte. Ce titre va aussi me permettre de préparer sereinement les Jeux paralympiques de Tokyo. »
Thu Kamkasomphou, médaillée d’argent en classe 8 féminine. Avant de céder à la belle contre la Chinoise Mao 4-11, Thu Kamkasomphou avait éliminé en demi-finale la Norvégienne Dahlen (3-1). « A chaud, il y avait de la déception forcément puisque je venais de perdre une finale. Mais avec un peu de recul, c’est une belle médaille d’argent. Je pense, et les retours que je peux avoir vont dans ce sens, que j’ai fait de belles choses, de beaux points. L’Euro 2017 qui a été difficile pour moi, est effacé. Contre Dahlen, je me suis dit de vraiment jouer mon jeu, sans me prendre la tête. De me faire plaisir et de mettre la pression de côté. En finale, peu de monde, moi la première, pensaient que je pouvais accrocher Mao. Lors de nos dernières confrontations, je perdais 3-0 ou 3-1 en étant dominée. Cette fois, cela aurait pu passer. J’ai changé mon approche en faisant preuve de plus de patience et de moins de précipitation. Mais je commets deux erreurs à la belle qui me coûtent sans doute le titre. D’où le petit sentiment de frustration même si elle reste encore un peu plus forte aujourd’hui. Dans l’ensemble, cette médaille d’argent récompense pas mal de changements effectués dans ma préparation. Elle démontre aussi que j’ai toujours envie, que je garde la même hargne, même à mon âge… Que je peux toujours tenir tête aux jeunes qui montent. Ce qui me nourrit encore ? La compétition et la prochaine victoire, parce que celle-là, je ne l’ai toujours pas. »
Stéphane Molliens, médaillé de bronze en classe 2 masculine. Comme à Rio, le Français s’est incliné en demi-finale contre le Polonais Rafal Czuper. Mais cette fois, Stéphane Molliens menait 2 manches à 0 avant de subir un petit coup de mou physique. « Il y a quand même beaucoup de joie de ramener le bronze. Franchement, je suis très content d’autant que j’ai plutôt réalisé un bon parcours (contrairement à quelques Premiers de Poule, Stéphane Molliens a dû passer par un 8ede finale). En demi-finale, je prends un bon départ. Je joue bien mais j’ai eu une petite baisse physique. Contre de tels adversaires, cela ne pardonne pas. Physiquement, Fabien et Czuper sont vraiment costauds. Mais ce podium témoigne que les changements apportés avec le nouveau staff, qui répond parfaitement à mes attentes, sont enclins à me faire avancer. Je suis reparti de l’avant après une période plus compliquée liée à ma blessure au poignet qui m’a éloigné trois mois et demi des tables, au contexte en équipe de France et à l’après Rio. On pense que l’on peut se satisfaire de ses acquis, mais non. Il faut remettre le couvert. C’est ce que j’ai fait depuis le début de l’année 2018. Maintenant, ce n’est qu’une première pierre dans l’optique des Jeux de Tokyo, où j’espère finir sereinement et du mieux possible ma carrière. Pour cela il faudra que je sois qualifiable mais cette médaille de bronze donne de la confiance. »
Anne Barneoud, médaillée de bronze en classe 7 féminine. Comme il y a quatre ans, en Chine, la Lyonnaise accroche une nouvelle médaille de bronze mondiale. Elle a dû céder contre la Turque Korkut en trois sets secs. « C’est magique, je suis sur mon petit nuage. C’est une belle surprise cette demi-finale. Je n’étais pas vraiment favorite au dernier carré, donc c’est… Wahouu… Je pense que je me sens mieux, que je comprends mieux certaines choses que par le passé. Je suis très heureuse, c’est génial. » // Julien Soyer
Les résultats de samedi.
Classe 2M. Finale : Lamirault bat Czuper (Pol) : 3-0 (11-7, 13-11, 11-6). Demi-finales :Molliens – Czuper : 2-3 (11-9, 11-7, 5-11, 7-11, 6-11) ; Lamirault – Suchanek (Tch) : 3-2 (13-11, 11-6, 10-12, 5-11, 11-8).
Classe 8F. Finale : Kamkasomphou– Mao (Chn) : 2-3 (11-9, 8-11, 7-11, 11-7, 4-11). Demi-finale : Kamkasomphou – Dahlen (Nor) : 3-1 (11-8, 6-11, 11-8, 13-11).
Classe 7F.Demi-finale : Barneoud – Korkut (Tur) : 0-3 (5-11, 8-11, 5-11). Finale :Van Zon (Hol) – Korkut : 3-1.
Le bilan des Français.
Champion du monde : Fabien Lamirault (Cl. 2)
Médaillée d’argent : Thu Kamkasomphou (Cl. 8)
Médaillés de bronze : Anne Barneoud (cl. 7), Stéphane Molliens (cl. 2)
Quart de finaliste :Matéo Bohéas (cl. 10), Thomas Bouvais (cl. 8), Maxime Thomas (cl. 4), Florian Merrien (cl. 3).
8ede finaliste : Bastien Gründeler (cl. 6), Nicolas Savant-Aira (cl. 5), Alexandre Delarque (cl. 4).
Eliminés en poule : Isabelle Lafaye, Florence Sireau (cl. 2), Alan Papirer (cl. 1), Stéphane Messi, Kévin Dourbecker (cl. 7).
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